Contrairement aux autres vertébrés, le larynx des oiseaux ne génère pas de son.
Un autre système vocal complexe appelé syrinx implanté à la base de la trachée et non pas dans le gosier  produit les vibrations sonores.
Le rossignol philomèle (luscinia megarhynchos) incarne l'art du chant, oiseau furtif au plumage banal, il compense cette discrétion par la richesse, la virtuosité  et la force de son chant.
De tout temps, les poètes, écrivains et musiciens célébrèrent son génie, le chant du rossignol s'impose comme un symbole.
Dans la Symphonie pastorale, Beethoven confiait à la flûte le soin de l'évoquer.
Perché dans le feuillage le mâle  chante en mai pendant des heures principalement la nuit, sans pourtant être un chanteur exclusivement nocturne.
 

Le chant nocturne constitue à la fois un appel à la femelle qui arrivera quelques jours après lui et également  une prise de possession territoriale dominante.
Dès  l'éclosion des oeufs, occupé par ses tâches parentales, le rossignol chante moins le jour, jusqu'à devenir muet pendant les périodes chaudes.
 En Belgique, son implantation se concentre surtout sur deux zones:
-  l'une à l'est d'une ligne Bruxelles-Anvers
- l'autre le long d'un axe Esneux-Dinant-Couvin, il ne se rencontre pas en Ardenne.
Il recherche une végétation buissonnante sur  sol sablo-limoneux ou limono-calcareux.
Son cousin, le rossignol progné (Luscinia luscinia) doit être considéré, chez nous, comme oiseau égaré et l'identification reste soumise à la Commission  d'homologation.
 

 
Identification et risque de confusion     
 
1 2
 

 

Un plumage, gris brunâtre aux parties inférieures du corps (1),  brun  roux  aux  parties supérieures  (2) associé à   un comportement très discret ne facilite pas l'identification visuelle sur le terrain.
Seule la queue rousse rougeâtre rompt l'uniformité du plumage général mais elle introduit  un risque de confusion avec  les deux rougequeues.
De face, une certaine ressemblance avec la fauvette des jardins ne peut être négligée.

 Les photos d'oiseaux posés prises dans des conditions d'éclairage similaires mettent très bien en évidence les différences de plumage à la partie supérieure du corps (3 et 5).
L'observation d'un rossignol dans son milieu naturel  ne bénéficie généralement pas de  conditions idéales, les portraits 7-12 montrent à suffisance les risques de confusion.
Le meilleur critère d'identification reste le chant mais... la femelle ne chante pas.

 

 

     
3   4   5   6

Les oiseaux 3 et 5 appartiennent tout  deux à la famille des turdidés, ils possèdent de fait des caractéristiques communes, ils disposent notamment de grandes pattes qui leur donnent un maintien élancé.
Les grands yeux garnissent une tête  ressemblant chez le juvénile à celle du jeune rougegorge. De dos, la queue constitue le meilleur critère de distinction.
Chez le rossignol, toutes les rectrices de même teinte brun rougeâtre proposent une vue d'ensemble uniforme (3-4).

Aucune différence de teinte n'apparaît entre R1 et R6 (4).
Chez les deux rougequeues  (5-6) les  rectrices centrales (R1)  plus foncées contrastent avec les plumes latérales.
Dans de bonnes conditions d'éclairage pour un oiseau perché immobile, l'observation de la partie supérieure du plumage présente également une différence significative.

 

 

 
Risques de confusion: combien de rossignol voyez-vous?
 
   
7   8   9
         
         
   
10   11   12

7. La fauvette des jardins.
8. Le rougequeue noir juvénile.
9. Le rossignol adulte.

10. Le rougequeue à front blanc femelle.
11. Le rossignol juvénile.
12. Le rougegorge juvénile.

 

 

Identification en main
     

 

 

L'identification en main se base sur des éléments biométriques indiscutables. 
en (9) et (11):
- longueur de bec jusqu'au crâne: mâle 17,4 , femelle 16,8
- grandeur de l'oiseau: 16,5 cm; envergure: 23-26 cm.
- longueur alaire: 77-86 .
Formule alaire.
- (12) point extrême P3-4 -- P2 entre 4/5 ou 5/6
       émargination  (12E) : P3-4
       vexille externe P2 (Ve) étroit mais non émarginé.
- (13) P1 dépasse les CP de 1 à 5 mm
Poids 23,7gr.
 

12   13

 

 
L'oiseau juvénile

NB: les pages ci-dessous reprennent, par l'ouverture d'info-bulles, la terminologie du plumage, ce qui peut aider les nouveaux visiteurs; plumage - plumes - mue - rougegorge.


 
 
         
   
14   15   15 T

 

 

Le plumage juvénile se caractérise par une teinte générale assez semblable à celle de l'adulte mais  largement tachetée de chamois à l'extrémité des plumes du corps (14), des couvertures alaires  (15),  des rémiges tertiaires (15T) et des scapulaires (15Sc).

Le rougegorge juvénile (12) également très tacheté ressemble au rossignol juvénile par contre il diffère totalement de ses parents.
L'observation du plumage juvénile constitue un facteur de comparaison pour comprendre l'évolution du plumage et pouvoir déterminer l'âge d'un oiseau.

 
La mue postjuvénile
 
         
   
16   17   18

Le rossignol effectue une mue postjuvénile dans la zone de naissance, il va progressivement perdre et remplacer toutes les plumes du corps, et certaines couvertures alaires. En (16), les plumes (a) resteront en place jusqu'à la prochaine mue qui se déroulera après la première nidification, le rossignol ne mue ni partiellement ni totalement  dans les quartiers d'hiver.
Par comparaison avec le plumage juvénile, l'étendue de la mue postjuvénile apparaît clairement. Cette mue bien documentée permet une observation en main assez facile.

La limite de mue (17a) s'apparente à l'observation déjà établie chez le rougegorge.
La plume muée présente au vexille externe une teinte plus foncée  sans tache apicale chamois  à l'extrémité (voir 15CG).
Cette 1ère mue partielle débute en juillet et se déroule avant la migration.
Elle comprend toutes les PC et MC, certaines GC internes et rarement une T, aucune rémige ni rectrice.

 

 

La mue postnuptiale
         

La mue postnuptiale concerne tout le plumage, le corps et les plumes de vol. L'absence de plume de la 1ère génération donne au plumage une teinte uniforme.
19.Les GC ne présentent plus de grandes taches apicales chamois, les CP larges et bien arrondies restent dans la même tonalité que les AL (d) et CC (c)
20. De même, pour les tertiaires la différence avec les juvéniles (15 T) apparaît clairement.

19 20      
Le sexe

La détermination visuelle du sexe s'avère impossible par l'observation du plumage. Seule, la mesure alaire permet de séparer mâle et femelle.
Le chevauchement peu important entre la longueur alaire du mâle et de la femelle  permet de déterminer le sexe pour de nombreux oiseaux.
Selon les auteurs, les mesures varient quelque peu . Svensson indique que  LA de la femelle va de 77 à 83mm et de 82 à 86mm pour le mâle. Il en découle qu'un oiseau de plus de 83 sera noté mâle et de moins 82  femelle. Cramps donne des mesures légèrement différentes en fonction de l'origine géographique des oiseaux.
 

Détails
 
   
21   22   23

21. Des plumules très claires (a) entourent complètement l'oeil foncé. Chez quelques espèces la brillance plus ou moins prononcée de l'iris constitue un critère temporaire pour définir l'âge,  chez le rossignol la teinte brun sombre ne permet pas de déceler une différence significative. 
A l'avant de l'oeil, les plumes (b) présentent une structure particulière, disposées en triangle, très courtes et en forme d'éventail elles atteignent la base de la narine . Contrairement à d'autres oiseaux insectivores, l'implantation des grandes vibrisses se situe assez loin des commissures (21c et 22a).

22. Trois grands poils implantés latéralement parmi un réseaux de poils courts constituent des organes tactiles (a). Une grande narine (b) bien dégagée s'ouvre assez loin de la base du bec .
23. Le rossignol encore plus que le rougegorge se tient haut sur pattes grâce à une longue cuisse  et un long tarse.

Longueur comparative du tarse selon Cramp:
rossignol:                        27,5 mm    rougegorge:             25,1
moineau domestique:  19,9            pinson des arbres: 18,0

 

 

   
Sources de documentation
 
- A. Bossus, F Charron Le chant des Oiseaux.
- Cramp S & Perrins C M (1993) The birds of the Western
  Paleartic
Vol V.
- Geroudet P, Les passereaux d'Europe 1.
 
- L. Jenni & R. Winkler Moult and Ageing of European
  Passerines.

- L. Svensson Identification guide to European Passerines.
   
 
 
©    Gaston Gast mai 2009