Invasion: pinsons du nord et jaseurs boréaux
Identification du pinson du nord

 

         
     
   
     
         

Sous nos latitudes, le pinson du nord ne peut être observé qu'en migration  ou en hivernage associé à d'autres granivores ou  regroupé en d'immenses dortoirs. Il migre en groupes homogènes. Sa présence très aléatoire dépend surtout de l'abondance de faînes, bien que quelques individus puissent visiter, en hiver, les   mangeoires garnies de graines de tournesol.
Le plumage présente suffisamment de détails caractéristiques pour éviter tout risque de confusion.
(1a - 3a)   bande alaire blanche                              ( 2e)   couvertures sous alaires et axillaires blanc
(1b - 3b)   calotte (en hiver) et  manteau                          jaunâtre
                gris parsemé de noir                                 (3f  - 14 - 16)  rectrices entièrement noires
(1c - 3c)   Couvertures alaires orangées              ( 2g - 4 g)   dos et croupion blanc
(1d )          ventre blanc

         
 
Sexe
 
         
   
5   6   7
         
   
8   9   10
   

Chez le pinson des arbres, la fauvette à tête noire, le grosbec... le dimorphisme sexuel apparaît clairement lors de l'observation sur le terrain, chez le rossignol, la pie, la tourterelle... l'observation en main de la longueur alaire permet parfois de séparer mâles et femelles. Chez le pinson du nord, la possibilité d'une distinction fiable entre mâles et femelles sur le terrain dépend de l'usure du plumage de la tête.
En plumage frais, (5- 6- 7- 8), un mâle âgé (5) affiche une
 

coloration légèrement plus prononcée que celle de la femelle (6). Par contre, entre une femelle âgée (7) et un mâle de 1Y (8) le risque de confusion existe.
A partir du mois de janvier, l'usure élimine les franges extérieures des plumes de la tête ce qui laisse apparaître progressivement le centre nettement plus noir de ces plumes. Au moment de la migration de printemps, la coloration très noire de la tête (10) chez les mâles dissipe tout risque de confusion.


Ce phénomène naturel a déjà été évoqué aux pages: adaptation du plumage  et  pinson des arbres
 
Age
 
         
   
11   12   13
   
14   15   16
         

Le pinson du nord ne niche pas sous nos latitudes, un oiseau juvénile ne peut en principe y être observé.
La distinction entre un oiseau en plumage postjuvénile ou postnuptial répond aux critères habituels déjà mis en évidence chez les espèces présentées précédemment . L'observation des grandes couvertures (GC) et des couvertures primaires (CP) permet de déceler des différences de teinte et de forme entre les plumes muées et non muées. La forme de l'extrémité des rectrices constitue également un critère significatif. Il convient cependant de garder en mémoire qu'une rectrice juvénile perdue accidentellement repousse comme une rectrice de 2ème génération sans que l'oiseau soit plus âgé.
 11. La GC externe  montre une large lisière blanc grisâtre à son extrémité, ce n'est pas tant la couleur qui importe mais l'importance de ce liséré car les deux GC externes chez l'adulte se terminent également par un liséré plus blanc  nettement plus réduit  (15).
 

12.  Chez le même oiseau, les CP noirâtres contrastent avec la partie noire des GC muées. La forme pointue des  rectrices de R1 à R6 constitue un critère supplémentaire pour attribuer l'âge de 1Y/2Y à cet oiseau.
13. Chez cet oiseau, la mue est moins étendue et la distinction plus facile, les 3 GC externes ne sont pas muées ce qui suffit à le classer 1Y/2Y.
14. Par comparaison avec (16) la forme étroite et les extrémités pointues des rectrices non muées ne permettent aucun doute quant au stade de mue, ces rectrices sont de 1ére génération.
15. Aile caractéristique d'un mâle adulte, chez la femelle les contrastes apparaissent certes plus légers mais la détermination de l'âge répond aux mêmes critères.
16. Rectrices adultes: à comparer avec (14) la largeur de R1 la forme et largeur de R3-R6 indiquent que ces plumes ont mué  au moins une fois.

    Détails    
   
17   18   19
20  

17-18-19. Les plumes sétiformes: en 1846, L. N. Bescherelle a, dans son dictionnaire,  qualifié ainsi les soies, les vibrisses, les poils... qui garnissent les commissures du bec et la base des narines chez les oiseaux.
 Les ornithologues anglais les appellent "nasal bristle et rictal bristle."
Aux commissures, ces plumes fortement innervées par les corpuscules de Herbs ont un rôle tactile et  font office de détecteurs pour informer l'oiseau sur la position dans le bec d'une proie ou d'une graine. Les plumes qui recouvrent les narines peuvent jouer un rôle de filtre.
Le pinson du nord apprécie particulièrement les faînes,  la forme spéciale de la partie coupante de son bec (17 a) lui permet d'ouvrir ce trièdre devenu très dur (20), encore faut-il qu'il puisse amener la graine au bon endroit sans risquer de se blesser à la base du bec.
Pour être parfaitement fonctionnelles en hiver, ces plumes muent en décembre certaines apparaissent   encore en fourreau (17 b) - (18 a) le 20-12-1999.
20. Les fruits des hêtres verts et des hêtres pourpres grandissent à l’abri de bogues, elles contiennent 2 à 3 graines (20 b), appelées faînes, de +/- 10 mm de longueur et de  section triangulaire (20 c). Expulsées de la bogue en octobre ces graines durcissent rapidement, elles deviennent coupantes et offrent une grande résistance à l'écrasement ce qui justifie  la nécessité qu'elles soient bien positionnées dans le bec pour être croquées. La spécificité  des détails (17a-b)  révèle une adaptation remarquable du bec.

   

 


 

 

 

Pour la plupart des espèces du paléarctique, la migration est connue, c'est un déplacement répétitif tant pour les trajets de la zone de nidification à la zone d'hivernage ainsi que pour les périodes de départ et de retour. Toutefois certains oiseaux plutôt sédentaires peuvent aussi se déplacer sur de grandes distances lorsque leur habitat naturel ne leur procure plus des conditions d'existence supportables.

 Les ornithologues qualifient ces déplacements irréguliers d'invasion, d'évasion, d'irruption,  d'émigration ou simplement de vagabondage.
Ce type de déplacement concerne mésanges, casse-noix, bec-croisé des sapins, jaseur boréal,  pinson du nord...

 Saisons d'invasions: Nos Oiseaux volume 52/4 - décembre 2005 - N°482

 

 

   

Rappel:     Marcel  S. JACQUAT a publié dans la "Revue de la Société Romande pour l'étude et la protection des oiseaux"   N° 457 de septembre 1999 en " PAGES D'INITIATON"  un article  intitulé "La migration des oiseaux" qui constitue un excellent point de départ pour sensibiliser les ornithologues amateurs à ce phénomène naturel si complexe.                  Cliquer ici

   

 
Les très fortes concentrations de pinsons du nord
 

La zone de nidification du pinson du nord s'étend du sud de la Norvège et de l'Estonie jusqu'au Kamtchatka en Russie. Les populations du paléarctique occidental migrent vers l'Europe centrale, occidentale et méridionale, vers la Turquie et le Maghreb.
Certaines années, un très grand nombre de pinsons du nord en migration font  escale dans les hêtraies lors d'hivers caractérisés par une abondance de faînes.

Ils forment alors  des dortoirs qui peuvent regrouper des millions d'individus, ce fut le cas à Vaulruz en Suisse pendant l'hiver 1999-2000 et en Forêt noire en hiver 2009-2010.
Le vol tournoyant  de cet oiseau très coloré au-dessus des arbres constitue un spectacle fascinant.

   
 
Images reproduites avec l'aimable autorisation des auteurs; Thierry & Marie-Andrée Becret   <Thierry.becret@wanadoo.fr>
 
   
Organisation du dortoir Conséquences sur le milieu
Une forte compétition règne au dortoir les oiseaux les plus forts et les plus lourds occupent le centre tandis que les oiseaux d'un statut inférieur sont rejetés à la périphérie .
A Consulter:  "Les Oiseaux de Suisse page 739";
 

Jérôme GREMAUD a publié  dans la "Revue de la Société Romande pour l'étude et la protection des oiseaux   N° 463 de mars 2001" un article intitulé "Une nouvelle espèce de champignon grâce aux Pinsons du nord Fringilla montifrigilla". cliquer ici

Invasion de jaseurs boréaux 2004-2005
   

En automne-hiver 2004-2005,  la maigre fructification des sorbiers au nord de l'Europe a obligé les jaseurs boréaux à descendre sous nos latitudes pour survivre. Ce déplacement phénoménal amena des centaines de milliers

d'oiseaux à se disperser de l'Écosse à l'Italie du nord. Des nombreux articles très documentés ont été publiés dans les revues ornithologiques.
L'INVASION 2004-2005 DES JASEURS BOREAUX

   
Documentation
 
   




NOS OISEAUX; Revue de la Société Romande pour l'étude et la protection des oiseaux volume 52/4 décembre 2005 n°482.
L'INVASION 2004-2005 DES JASEURS BOREAUX  BOMBYCILLA GARRULUS EN SUISSE http://www.nosoiseaux.ch/
 Bulletin de la Société  d'Études Ornithologique AVES volume 42/4 décembre 2005
Synthèse d'une exceptionnelle invasion de jaseurs boréaux en 2004-2005 en Europe mailto:(Bulletin@avec.be

         

 

   
   
   Novembre 2010 G. Gast