L'espèce
   

L'accenteur mouchet ( Prunella modularis), petit oiseau calme, discret et effacé n'attire guère l'attention, son plumage sombre aux teintes grises et brunes, son allure furtive en font un ignoré. L'accenteur se repère facilement au printemps lorsqu'il chante perché à la pointe d'un sapin. Son bec fin et effilé le prédestine à consommer  des insectes capturés au sol ou dans les broussailles mais il ne dédaigne pas de petites graines  et ingère de fins graviers pour en faciliter la digestion. En hiver, il ne peut  casser les graines de tournesol, il doit se contenter des restes laissés par les verdiers ou mésanges. Par contre, il apprécie les arachides moulues et trouve dans le maïs des petits morceaux qu'il peut avaler (Voir chronique 2013 im 9-13).

Solitaire et peu belliqueux, il recherche en période de nidification les buissons touffus et les petits conifères, il évite les sites trop ouverts, les futaies denses et s'accommode d'un territoire restreint. Les cas de polyandrie et de polygamie ne sont pas rares.

 


Migrateur diurne, il nous quitte  de fin août, à la mi-octobre. Avec ses ailes courtes, le vol n'est guère puissant, il migre seul ou en petits groupes lâches, assez haut, par vent du sud faible  généralement en matinée de 8 h à 11h en émettant un petit cri roulé.
Ses déplacements à haute altitude difficiles à observer font qu'il fut considéré comme peu abondant et sédentaire. Les efforts de baguage à la station Hesbaye ( R. Polet; Marchin Belgique 50 28 N - 05 15 E) montrent une toute autre réalité: 23.388 oiseaux furent bagués en 27 ans et 2.308 en 2007. Les reprises attestent des zones de nidification  en Europe jusqu'en Scandinavie et d'hivernage dans le sud de la France et en Espagne.

   
Oiseaux bagués à Marchin et repris à l'étranger Oiseaux bagués à l'étranger et repris à Marchin
N° bague Date bag Lieu de reprise Date rep Trajet et durée N° Bague Date bag Lieu de baguage Date rep.

Trajet durée

8729756

9609827
10101963
8345461

13/10/03
06/10/05
09/10/06
29/10/02
Pinneberg Germany
Emblem Norvège
Kiel-Prosendorf Germ.
Alleback Suède
20/03/04
10/06/06
17/05/07
29/05/03
469 km 5 mois 7 j
1332 kml 8 mois 5 j 523 km 7 mois 15 j
970 Km 7 mois
Stav 4E47308
Cope 957608
Stock/iek18676
Stock/4e76108
28/07/05
11/09/06
25/08/01
20/09/03
Stavsenga Norvège
Blavand  Danemark
Stenengsund Suède
Blixoya Norvège
15/10/06
12/10/06
21/08/01
14/10/03

1460km 2m 18 j
598km 1 m
950Km 1 m 21 j
1059Km 23 j

 

Si par l'observation de l'oiseau en main l'identification ne pose aucun problème, la détermination de l'âge et du sexe reste très délicate. Les indices mis en évidence ci-dessous concernent des oiseaux typiques, il faut savoir que des détails ténus et des variations de plumage ne permettent une distinction fiable que pour un faible pourcentage d'oiseaux. Les  photographies ci-dessous n'appartiennent pas nécessairement au même oiseau et constituent des  indices de base, pour des informations plus scientifiques consulter le site de collègues néerlandophones qui étudient cet oiseau depuis plusieurs années.
www.vts2info.easynet.be/wwwpublic/vtsweb2/prunella/index.htm

 
Comparaison adulte - juvénile
             
     
1   2   3   4

Sur le terrain, dans de mauvaises conditions d'éclairage,  l'accenteur adulte (1) peut être confondu avec une femelle moineau ou une fauvette grisette. L'âge et le sexe ne peuvent être déterminés par l'observation  à distance.
L'identification du juvénile  (2) au plumage cryptique se

basera plutôt sur l'allure et le comportement. L'observation de l'iris, brun rougeâtre chez l'adulte (3) et brun terne chez le juvénile (4) constitue un critère temporaire fiable. Le pourtour de l'oeil se couvre progressivement de plumules de couleur variant du chamois au blanc crème.

Le plumage juvénile
 
   

5

 

6

 

7

5. Le plumage juvénile se caractérise par des plumes peu structurées qui donnent à l'oiseau une apparence chiffonnée (1). La  poitrine  porte de fortes rayures (2).
6. En main, deux critères temporaires aident à déterminer l'âge. Les commissures claires et souples durciront rapidement après l'envol, tandis que l'oeil gris brun terne ne prendra une couleur brunâtre brillante qu'après quelques mois.

 7. Les couvertures d'oreilles (5) juvéniles à la structure pectinée, de faible densité prennent l'aspect de poils ramifiés. Elles assurent comme chez l'adulte une perméabilité  aux sons.
Des plumules (6) comparables à de petites touffes de poils garnissent le pourtour de l'oeil, elles peuvent changer de couleur avec l'âge. 

   
   
8   9   10

8. Les grandes couvertures constituent, chez les passereaux, l'endroit privilégié pour rechercher une limite de mue. Une plume juvénile (7a) présente:
- des taches jaunâtres bien définies aux deux vexilles, de larges franges brunes et un centre brunâtre.
- les couvertures moyennes portent également des tâches apicales claires (7b).
 

9. L'aspect de l'extrémité des tertiaires T7-9 correspond au dessin  de GC9, tache claire plus visible au vexille externe qu'au vexille interne, large frange brun clair.
10. L'extrémité des rectrices relativement étroites et pointues se conforme aux critères propres aux rectrices juvéniles en général.

   
Mue de Grandes couvertures
 

11. La capture d'un oiseau qui mue les GC permet de dire avec certitude qu'il a perdu son statut de juvénile mais à quel stade de son existence se situe-t-il?
Deux hypothèses peuvent être retenues:
1. L'oiseau effectue une mue postjuvénile partielle, les 2 plumes (a) ne seront renouvelées qu'à la prochaine mue.
2. L'oiseau effectue une mue postnuptiale excentrique et perdra prochainement ces 2 plumes (a).
Les plumes (a) diffèrent nettement et pourraient faire penser à des plumes juvéniles, il faut cependant tenir compte  de l'usure qui affecte normalement les anciennes plumes.
Quoiqu'il en soit, les plumes en croissance (b) appartiennent à un plumage adulte postjuvénile ou postnuptial et il convient de focaliser l'attention sur la forme des taches apicales, les franges et le centre des plumes. Ces détails font figure d'étalon pour la distinction entre des générations de plumes complètement formée.

11
 
12   13

12. La CP visible (a)  présente une forme arrondie et de légères traces d'usure.  L'ensemble tache apicale frange et partie centrale concorde assez bien avec les mêmes détails relevés sur les GC en mue (13), l'usure modifie la teinte et le contraste qui différent normalement des plumes fraîches.

13. La grande tache claire au vexille externe mal définie se diffuse à la fois dans  les franges bien structurées et plus étroites qu'en (8). Le centre de la plume est large et foncé (a). Le vexille interne ne porte plus de tache claire mais simplement une légère bordure brun clair (b-c). Aucune trace d'usure n'apparaît.

 
Le plumage adulte
 
     
15   16   17   18

Cet oiseau bagué le 11-09-1996 fut contrôlé au même endroit le 12-07-2000, il a donc effectué 3 mues postnuptiales complètes.
15. Le dessin des GC (a) correspond aux conclusions de (12-13) au mois d'août, l'usure normale a pu affecter la grandeur des détails mais ceux-ci peuvent également se réduire avec l'âge.
16. Il en est de même pour CG9-10. Les tertiaires qui lors du vol "frottent" sur le corps apparaissent plus usées mais le dessin de T 7-9 correspond au même schéma que les GC, à

savoir: à l'extrémité une tâche mal définie au vexille externe, petite bordure au vexille interne et centre de la plume foncé.
17. La rectrice externe  large et non pointue montre des signes de décoloration, les barbes se désolidarisent à l'extrémité.
18. La rectrice centrale  ronde et large montre une usure  importante qui résulte du mouvement antagoniste,  R1  se déplace vers la gauche et R1' vers la droite ce qui induit un frottement important.

 

 

Le plumage postjuvénile
 

 

     
19   20   21   22

19. Les petites couvertures (a) perdent généralement leurs pointes chamois à la première mue.

Les MC peuvent muer totalement ou partiellement, cet oiseau probablement tardivement éclos a retenu quelques MC (b). Les scapulaires (c) de 2ème génération apparaissent bien structurées. La plume (d) muée ne porte plus de tache apicale claire étendue. Les GC juvéniles (e) peuvent être comparées avec (8), elles resteront en place jusqu'à la prochaine mue.

 

20. Un oiseau éclos plus tôt peut montrer plusieurs GC muées, les plumes postjuvéniles se différencient par leur longueur et leur dessin.

21. La rectrice R6 apparaît plus étroite et plus pointue que chez l'adulte (17).

22. La rectrice centrale également plus étroite montre une forme pointue qui commence à s'user.

Détermination du sexe
 

La détermination avec certitude du sexe ne peut être assurée que par:
   - la présence d'une plaque incubatrice
   - l'écoute du chant.

Par l'observation d'oiseaux qui répondent à ces conditions, des bagueurs belges néerlandophones proposent différents indices propres à chaque sexe.

Localisation des indices à  observer  :
  - la partie supérieure de la calotte et le dos
  - l'étendue et la couleur du collier
  - l'uniformité de la teinte de la poitrine
  - la présence d'une bavette

Il convient  de parler d'indices car les variations observées sont ténues, de plus tous n'apparaissent pas clairement chez un grand nombre d'individus.
Ainsi le sexe d'un oiseau qui présente 3 indices positifs peut être défini avec une probabilité acceptable, sinon il sera noté sexe indéterminé; U ou FG.
La longueur alaire ne peut être utilisée que pour les mesures extrêmes.
Selon Cramp S. (éd 1988) pour un mâle elle va 69 à 74 mm et de 65 à 72 mm chez la femelle.
Il existe donc une zone de chevauchement importante et seulement pour LA < 69 et  > 72, la détermination du  sexe   s'avère fiable.

 

   
Indices en faveur du sexe mâle  

Indices en faveur du sexe femelle

     
 

La tête et les cotés du cou montrent clairement une teinte gris bleuâtre, le dos porte des rayures brunes dans un plumage brun clair.

 

La tête, la nuque montrent des rayures  sur fond brunâtre, le dos montre  des rayures plus denses brun foncé sur un plumage brun clair ou brunâtre.

En dehors des cas typiques, ci-dessus, les nombreux oiseaux qui montrent le sommet de la tête et la nuque rayés (a), associés aux côtés du cou bleuâtre (b) bouleversent déjà ce premier indice.

 

 

   

 

   
 

Le collier (a), la poitrine (b) et le sourcil (c) gris bleuâtre (a) caractérisent le mâle.

 

Chez une femelle les mêmes détails apparaissent brun chamois.

 

Chez le mâle, la poitrine peut présenter à l'extrémité de certaines plumes une teinte diffuse cannelle.

 

La teinte brun chamois des flancs  déborde largement dans la poitrine.

Bavette et moustache claires pourraient être un critère de choix, elles n'existent pas chez la plupart des oiseaux.

Détails
 
   
23   24   25

23. Tête d'un oiseau juvénile, tous ces critères temporaires deviennent inutilisables après quelques mois.
a) couleur de l'iris brun gris terne, (b) commissures encore souples, (c) plumes de couverture d'oreilles très lâches.
24. Oiseau adulte en plumage postnuptial, l'iris brun rougeâtre brillant contraste avec le précédent, des plumules touffues entourent l'oeil, la couleur ne constitue pas un indice de sexe fiable.

 

25. Des plumes sétiformes simples (e) protègent les commissures.
26. Selon Cramp S. (Vol V p.547 éd 1988) des membranes (f) et non des plumes sétiformes protègent les narines. La fonction de cet obturateur qui se comprend aisément chez les canards plongeurs pose question chez un oiseau terrestre.
27. La forme du bord supérieur de la narine, correspond à la forme du bord inférieur (g) et pourrait obturer la narine toutefois la fonction réelle de ce détail reste à définir. 

   
   

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28. Les doigts portent des écailles et se terminent par des griffes bien développées.
29. En hiver, les rougegorges et accenteurs se nourrissent au sol au pied des mangeoires et doivent se contenter de débris de graines abandonnés par les oiseaux se nourrissant en hauteur. Cette alimentation ne leur convient guère et s'altère rapidement. En proposant des arachides finement moulues et de petites graines de millet (rond et plat) disposées dans une mangeoire 'soucoupe' ils se sentiront bien chez vous.
Prenez une tige filetée de diamètre 10mm, de longueur 25cm sur laquelle vous enfilerez deux soucoupes pour pot de fleurs (22 et 28cm) que vous fixerez chacune entre deux écrous et deux rondelles. Les plateaux écartés de +/- 15 cm occupent la partie supérieure de la tige filetée, la partie inférieure sera enfoncée dans le sol.
C'est simple, c'est coquet, cela ne coûte pas cher et de plus c'est efficace.

 

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© G. Gast  - IRScNB janvier 2008